LA CONSTITUTION D’ISHY
Quant au village, il doit son histoire aux tribus habitant autour du lieu de culte. On raconte que Ischy a vu le jour par
regroupement de plusieurs familles vivant dans les environs de l'emplacement actuel du village. Les habitants d'lschy sont
appelés "lschayyés"
Les premières familles à vouloir s'installer ensemble et construire le village d'lschy sont : les "Beth Avdo" venant de
"Qasriqé", les "Beth Koma" venant de "Qavnaraza" et "Beth Sappanes" venant de "Khraba". Mais plus tard, d'autres familles
arrivèrent et s'installèrent à lschy. C'est le cas de "Beth Danno" qui sont originaires de "Gawar" mais ils sont venus de
"Wasta", "Beth Yonané Yomo" et "Beth poles Hanna" venant de "Hal" (près de "Quelle" et au bord de "Khizla") et "Beth Bichaqqe"
dont la provenance est inconnue.
Le village construit autour de son église a connu beaucoup d'invasions. Les premières furent celles des Seldjoukides
d'Anatolie. Puis d'autres hordes arrivées de l'est, d'origine Mongole renversèrent ces derniers et par la même occasion
rasèrent le village. Sous la domination mongole, les habitants d'lschy connurent beaucoup de persécutions, certains avancent
même que le village aurait été détruit sept fois depuis, sous le contrôle de "Mira'd Garqul" dont le château se situe à
l'embouchure de "Khizla" (situé au sud de Ségueirik). Celui-ci imposait une grande autorité aux habitants du village qui
devaient le servir par obligation.
Les "Mirés" ont été remplacés par des "Aghayés" (seigneurs kurdes). Ces derniers, comme les "Mirés", imposaient leur joug.
Ils étaient organisés en "Achirete", c'est-à-dire en tribus autonomes, indépendantes de l'autorité turque, à cause de
l'inaccessibilité des montagnes où ils vivaient. Les chrétiens leur devaient obéissance et disponibilité permanente.
Les habitants d'Ischy constituaient une population soumise, appelés des "Rayate", c'est-à-dire un groupe soumis. Chaque
famille avait un "agha", qui, théoriquement, devait protection à son "Sraya" (chrétien), mais celle-ci n'a jamais été
respectée. Les habitants d'Ischy vivaient constamment en danger, dans l'insécurité, l'inquiétude et dans l'incertitude.
Nous ne décrirons pas les conditions de vie des habitants d'Ischy, ni leur situation de dépendance vis à vis des kurdes,
ni leurs souffrances et leurs malheurs, pour préserver la réalité de leur mémoire. Nous renvoyons le lecteur aux poèmes
qui suivent, à celui inséré dans les métiers (Le berger), et au "Points de repères historiques d'Ischy", ci-dessous annexé.
Commentaire sur le poème Bshimmi iwin bighaya
Le poème ci-après résume la vie et l'histoire des habitants d'Ischy. L'idée de soumission et de servitude est fréquente.
Ce qui explique la crainte omniprésente chez ces chrétiens. En effet, ceux qui étaient censés les protéger, les maltraitent
et les réduisent à l'état de servitude. Ils ne sont jamais propriétaires de ce qui leur appartient. Ils voudraient quitter
cette vie insupportable. Que faire ?
Se révolter ou quitter leur terre natale ? Minoritaires et impuissants, devant ces évènements, ils décident de se mettre
entre les mains du Seigneur. Contre toute oppression et toute tyrannie, la foi se trouve être comme la meilleure voie à suivre.
Et à défaut de pouvoir vivre en Orient, ils s'exilent en Occident...
LA NOSTALGIE
A l'ombre des mystérieuses montagnes,
Dans un village bâti comme à la campagne,
J'ai vécu onze ans en m'amusant,
Trois ans d'études en travaillant.
J'ai souffert... mais aucun regret:
Ignorant, je me sentais en paix!
J'ai quitté ce pays pour la "douce France,"
Ici, je n'ai pu oublier mon enfance
En écoutant la belle musique ancienne,
Viennent à mon esprit de vagues images sereines,
Qui brisent mon cœur, et les larmes
De mes yeux vert marron comme armes.
Persécutions étaient les raisons de mon départ,
Des demoiselles étaient kidnappées,
Les hommes forcés à travailler
Par des "légers esprits mégalomanes",
"Paresseux et bêtes comme leurs ânes..."
D'autres étaient bons... mais très rares.
Voilà, pourquoi j'ai quitté
Ce lieu, cette terre bien aimée...